Canalblog
Suivre ce blog Administration + Créer mon blog

isadu

26 février 2005

L’immaculée conception<?xml:namespace prefix =

L’immaculée conception<?xml:namespace prefix = o ns = "urn:schemas-microsoft-com:office:office" />

 

C’est une fête à la fois religieuse et une date historique pour la Corse.

 

En décembre 1729, dans le Boziu, une querelle éclate entre un paysan et le collecteur d’impôts génois. L’histoire retient cet évènement comme le point de départ de la révolte des corses contre Gènes. La colère gagne les villages et le peuple entre en rébellion.

 

Les notables prennent peu à peu le parti des insurgés et en septembre 1735 « i capi della nazione corsa » signent une proclamation appelant à l’insurrection.

 

L’insurrection est légitimée par la religion en avril 1731, quand lors d’un congrès au couvent d’Orezza, les théologiens déclarent que les corses peuvent continuer la guerre qui deviendrait « juste » si Gènes s’obstine à nier leurs doléances.

 

Le 30 janvier 1735, d’après l’abbé florentin Giovacchino Cambiagi, qui écrivit sur la Corse (istoria di corsica, 1771), et d’après bien d’autres historiens après lui, a lieu à Corti, une consulte mémorable.

 

Au cours de celle-ci est adoptée une constitution pour la Corse. 22 articles sont rédigés et le premier proclame « l’Immaculata Concezione di Maria Vergine », patronne et protectrice du royaume et son effigie, emblème de la nation. Il est à noter, cependant, que l’avocat Sebastiano Costa, qui prit part à la révolte aux côtés des chefs corses, ne fait pas état de cette consulte dans l’écriture de ses mémoires. Il évoque par contre une consulte à Orezza en date du 8 janvier 1735, où la constitution qui y fut élaborée n’est dotée que de 15 articles. Aucune référence à l’Immaculée Conception n’y faite.

 

Beaucoup de drapeaux ont été improvisés dés le début de la révolte et il en sera toujours ainsi jusqu’à ce que le gouvernement paolien (1755-1769) consacre définitivement le drapeau blanc avec la tête de Maure. Parmi les premiers drapeaux arborés par les insurgés, figure un étendard blanc avec la représentation de la Vierge Marie. Si l’on se réfère à la consulte du 30 janvier 1735, il s’agit là du premier drapeau corse « officiel ».

 

C’est aussi en 1735 que le « Dio Vi Salve Regina » devint hymne national corse. Des écrits de l’époque témoignent de son choix comme hymne national au cours des différentes consultes de cette année phare de 1735. C’était, de toutes les façons, les chant de ralliement des insurgés.

 

 

 

La révolution des corses apparaît donc fortement imprégnée par leur dévotion pour la Sainte Vierge. Ce fait est notable aussi en 1736, quand Théodore de Neuhoff, mercenaire allemand, venu prêter main forte aux insurgés est choisi par les chefs corses comme roi. Il est placé sous l’invocation de la Trinité et de l’Immaculée Vierge Marie. La monarchie constitutionnelle fondée va battre monnaie. Des pièces vont alors porter sur une face, les armes du Royaume, et sur l’autre face, l’image de la Sainte Vierge avec comme légende : « Monstra te esse matrem S. P. » (ce qui peut être traduit par « Montre que tu es notre mère, Sainte Protectrice »). Il convient de noter aussi, que selon les textes de Cambiagi, mais aussi de Jacobi et de Friess (qui étaient des historiens de l’époque), le 8 décembre, jour de l’Immaculée Conception, fut déclaré un jour de Fête Nationale, et annoncé dans tous les villages par des salves d’artillerie et de mousqueterie.

 

Donc la Sainte Vierge patronne de la Corse, est-ce un mythe ou une réalité ? Il est clair, dans tous les cas, que les corses aujourd’hui encore lui vouent un véritable culte. Les processions et fêtes de village en son honneur sont nombreuses du nord au sud de l’île. Le « Dio Vi Salve Regina », chant de louange à la Sainte Vierge est aussi l’hymne des corses qui l’entonnent depuis près de trois siècles.En fait, la Vierge Marie est consacrée reine dans l’imagerie populaire. Honorer la Vierge, c’est honorer la Corse, faite reine à son tour. Leurs entités se confondent. Les insurgés corses en révolte contre Gènes ne chantaient-ils pas «  A la Corsica Regina, gloria per l’eternità » (paroles extraites du chant « A Paladina ») ?

 

Publicité
Publicité
Publicité